Bilan du salon coiffure beauté méditerranée 2019
La coiffure doit être pourvoyeuse de rêves
Exposants, artistes et coiffeurs étaient au Coiffure Beauté Méditerranée qui s’est tenu le week-end dernier à Marseille. Malgré les difficultés du secteur, l’univers de la coiffure cherche à se réinventer.
Sur le fil du rasoir, le secteur de la coiffure redoute la crise. Si les salons de coiffure dans leur ensemble parviennent à maintenir leur chiffre d’affaire, l’inquiétude se fait sentir quant à la baisse de la fréquence des visites de la clientèle, notamment féminine. Au début des années 2000, un Français se rendait dans un salon 6 fois par an en moyenne. Depuis la crise de 2008, il n’y va plus que 4,5 fois par an*. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, comme l’évolution des modes de consommation et la diversité de l’offre pour tout faire soi-même à la maison, une mode qui tend à toujours plus de naturel, les coupes dans le budget beauté et bien-être des ménages pour préserver le porte-monnaie … Ces multiples difficultés ont alimenté les conversations et les débats lors du salon Coiffure Beauté Méditerranée (CBM), qui s’est déroulé ce week-end à Marseille, du 3 au 4 mars. Malgré tout, l’ambiance n’était pas à la morosité. Exposants et visiteurs ont répondu présents pour les 15 ans de l’événement et l’organisateur, Olivier Sittoni, dresse un bilan global positif de cette édition 2019.
Faire émerger les nouveaux talents
Une trentaine d’exposants sont venus présenter leurs nouveautés et échanger avec les professionnels sur place. Si quelques grandes marques ont brillé par leur absence, comme L’Oréal Professionnel, de grands noms du secteur ont honoré le rendez-vous, à l’instar d’Urban Keratin, Eugène Perma, Wella Professionals, Davines, ou bien encore Babyliss Pro. « Notre salon est un reflet du marché, détaille Olivier Sittoni. Notre nombre d’exposants est stable par rapport à l’année dernière, mais le marché connaît un recul important que l’on peut difficilement nier. » Pour l’organisateur, qui a longtemps travaillé dans l’industrie du disque, un autre secteur qui a dû faire face à de grosses difficultés, la crise que traverse la coiffure en ce moment est sérieuse. « Il y a bien sûr des causes conjoncturelles, comme le mouvement des gilets jaunes, qui expliquent en partie les difficultés auxquelles les coiffeurs sont confrontés. L’activité des artisans a été directement affectée. Depuis trois mois tous les samedis, le chiffre d’affaire des salons de coiffure est en baisse de 20%. Mais ce n’est pas la seule raison. La crise est à mon sens structurelle. Les modes de consommation changent, notamment avec le développement du secteur du numérique et les achats de produits en ligne, et le business évolue. Il faut savoir s’adapter et se renouveler. »
Le CBM se veut une vitrine de cette adaptabilité et préfère miser sur le qualitatif plutôt que le quantitatif en séduisant de nouveaux acteurs. Le stand Dyson a par exemple été cette année une belle réussite en termes de fréquentation. C’est la première fois que la marque d’aspirateur était présente à un salon professionnel de coiffure et de beauté. Autre fierté du salon, les shows artistiques, toujours d’une grande qualité. Ainsi Yohan Menzoyan et toute la jeune équipe de the Hairdresser pour Tigi & Mashiro ont enflammé le podium du CBM, tandis qu’Elie Valière (qui a réalisé le visuel de l’événement), Raphaël Perrier ou bien encore l’équipe Davines ont présenté des spectacles aussi magiques qu’étonnants. « Les shows sont notre valeur ajoutée, ils sont la caution artistique du salon, se réjouit l’organisateur du CBM. Cet événement est aussi l’occasion pour beaucoup de jeunes coiffeurs de faire leur première scène. Nous voulons être un vivier de talents à faire découvrir car ce sont eux qui feront la coiffure de demain. »
Redonner ses lettres de noblesses à la profession
Une coiffure de demain qui doit retrouver toutes ses lettres de noblesses. Lors d’une table ronde organisée pendant le salon sur le futur de la profession, avec la participation des coiffeurs Stéphane Amaru et Patrick Ahmed, des pistes ont été évoquées pour réinventer la coiffure et donner envie à un plus grand nombre de choisir ce métier : revaloriser les salaires, mettre en avant le savoir-faire des coiffeurs auprès de la clientèle, s’investir davantage dans la formation pour faire découvrir toutes les facettes et les potentialités du monde de la coiffure aux plus jeunes… En somme, tout mettre en œuvre pour que la coiffure fasse à nouveau rêver les coiffeurs, comme les apprentis et le grand public.
* Source : « Les dépenses des Français pour leur apparence physique », étude INSEE publiée en 2017.
©Pascal LATIL
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